Georges Malbrunot | Le chef de la milice chiite pro-iranienne accuse l’île de servir de base arrière à l’État hébreu. « Il faut bien avoir en tête que Chypre est une sorte de hinterland pour Israël », selon un diplomate jadis en poste à Nicosie, « on voit les côtes libanaises des hauteurs de Chypre ». [...] Moins affirmative, une source militaire française, qui connaît Chypre, le Liban et Israël, estime qu’il faut être attentif aux menaces du Hezbollah. « Nasrallah a en grande partie raison sur ses accusations », ajoute-t-il, avant de détailler la coopération sécuritaire israélo-chypriote. D’abord l’ouverture de l’espace aérien chypriote aux avions de combat israélien. « Après avoir décollé de leurs bases, et afin de prendre un axe d’attaque depuis la mer pour éviter tout système de défense antiaérienne, les chasseurs israéliens effectuent un virage large, quitte à traverser l’espace aérien gréco-chypriote pour réaliser leurs missions », précise le militaire français. ● L’île est depuis longtemps au carrefour d’influences multiples au Moyen-Orient. Pendant la guerre civile, de nombreux Libanais y avaient trouvé refuge. Depuis, d’autres s’y sont établis : des maronites notamment qui disposent d’un évêque, mais aussi les Palestiniens de l’OLP, après les accords d’Oslo de 1993, qui y ont établi – en accord avec la France notamment – un centre de renseignements et de repli de sa Force 17, l’unité d’élite autour de Yasser Arafat. Puis le Hezbollah, l’Iran, et la Russie. ● « Israël s’est aperçu que Chypre était une très bonne base d’observation de ce qui se passait au Moyen-Orient », précise une source française du renseignement. « Israël a travaillé avec les services de renseignements chypriotes avant d’implanter au moins une base du Mossad, forte de plusieurs dizaines d’hommes », ajoute l’espion. [...]